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19h30.


Ma douche ? 
C'est avec les 
lingettes !

« Ici, il faut être prudent », nous avertit Huguette, pile au moment où l’on dépasse un camion arrêté sur le bas-côté. Ce n’est pas la neige qui l’inquiète. C’est le verglas. « La neige, ce n’est rien, mais le verglas, lui, peut surprendre », explique-t-elle en se remémorant un petit accident qu’elle a eu en 1984. Le seul, de toute sa carrière. Son camion s’était retrouvé dans un champ, dans le sens inverse de circulation. Comme ça, en trois secondes. La faute à une plaque de verglas non détectée. « Je n’ai pas eu peur pour moi, seulement d’abîmer mon camion ! » révèle-t-elle avec humour. Dans le rétroviseur, à voir cet énorme attelage se tortiller tout seul, les manip’ n’ont pas l’air évidentes. 40 tonnes à arrêter, à plus de 200 000 €, sans compter le prix de la marchandise... Une lourde responsabilité pour le conducteur. Envers les usagers, mais aussi pour la chef d’entreprise qu’elle est.

 

Alors forcément, Huguette Durand a toujours été fière de faire ce métier. Pour son degré de complexité, mais pas pour avoir réussi à s’imposer au milieu de toute cette testostérone. Féministe, Huguette ne l’a jamais vraiment été. 

 

 

« Je n’ai jamais vu ça comme une
conquête féminine. »

 

 

Monter sa propre entreprise, c’était pour elle le cheminement normal de l’évolution de sa carrière. Comme dans n’importe quel job. Atteindre le plus haut grade de qualification (groupe 7, coefficient 150 M), c’était parce qu’elle le méritait en tant que chauffeur. Porter des jupes au volant de sa semi-remorque, c’était parce qu’elle en mettait aussi en dehors du travail. « Je m’habillais comme une nana de 25 ans. Je ne suis ni une surfemme, ni une caricature de la routière à moustache. Je ne change pas ma manière de m’habiller, je suis comme ça aussi à la sortie des classes ! »

Ce n’était pas non plus un acte de militantisme quand elle a créé la toute première association de routières, La Route au Féminin, avec Annie Sedlegger, la présidente. « On voulait juste se retrouver entre copines et s’entraider », précisent les deux amies. Depuis 1993, les adhérentes se retrouvent chaque année autour d’un repas. « Les maris y sont quand même admis », confient-elles chacune de leur côté avec sarcasme. Et autant qu’elles le peuvent, elles interviennent à des événements pour démocratiser le métier.

 

Malgré elles, Huguette, Annie et les autres « anciennes » ont servi de modèle. Leur carrière a influencé des centaines de femmes à se lancer dans le métier. De zéro, Huguette croise maintenant « deux routières par jour ». Et l’association compte plus de 500 adhérentes. Les routières se font même une place dans les archives : Annie, avec son prix du Routier de l’année 2014, qui récompense son parcours, ou Nathalie Cavard, qui accédait à la demi-finale du Trophée des Routiers fin 2016.

Pas de quoi, pour autant, affirmer que le secteur s’est féminisé. Avec 3% de routières, les spécialistes en féminisation du travail sont unanimes :


 

« Il faut plutôt parler d’une absence de féminisation. C’est rare de voir un métier où le pourcentage de femmes progresse si peu. Le besoin en main-d’œuvre augmente donc les employeurs se portent sur les profils de femmes ou d’immigrés, par exemple. Mais les femmes ne remplacent jamais les postes des hommes », révèle la spécialiste Nicky Le Feuvre.

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19 h 30, Huguette ralentit devant un établissement au bord de la route. C’est le restaurant routier où elle va s’arrêter pour la nuit. Petite frayeur en entrant dans le parking : il est déjà bien rempli. Il ne reste qu’une petite place. Ouf, car Huguette l’aime beaucoup ce restaurant. Surtout pour leur spaghetti bolognaise. « Attention les jeunes, ici, c’est à l’allemande : les assiettes sont blindées ! » avertit-elle en s’esclaffant. Alors elle ne s’y arrête que rarement, histoire de garder la ligne. La plupart du temps, elle prépare ses repas directement dans son camion. Exactement comme le font les quelques routiers du parking, qui n’ont pas encore tiré leurs rideaux. Que des hommes, d’ailleurs.

 

Elle enfile sa parka à l’énorme fourrure noir et blanc, prend ses gants et attrape son petit « sac de survie », comme elle le surnomme. Elle y range tout le nécessaire : brosse à dents, rouge à lèvres, un peu de monnaie (euros, forint hongrois ou francs) ou une mini lampe de poche. Ce serait bête de perdre ses clés dans la neige…

Huguette jeune
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« C'était ça que les routiers voyaient.
J'étais la seule femme du coin,
je n'avais aucun modèle. » 

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Aller à
5h

Retourner à 
17h

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« Avec l'association, on s'est fait des
autocollants personnalisés. »